C'est un peu plus compliqué que ça.
En premier lieu, il faut bien être conscient qu'une barre à border / choquer diffère d'une barre classique par le fait que la barre puisse coulisser sur la ligne centrale.
Ensuite, pour le pilotage sur une barre classique (sans border / choquer), deux montages sont possibles :
* les avants au centre (les arrières aux extrémités)
lorsqu'on tire sur un côté de la barre on provoque un différentiel de tension sur les arrières de la voile et on tourne. C'est l'équivalent d'un virage aux arrières avec des poignées
* les avants aux extrémités (les arrières au centre)
lorsqu'on tire sur un côté de la barre, on crée un différentiel de tension sur les avants et la voile tourne. C'est l'équivalent d'un virage en décalant les poignées.
Du noteras qu'avec ce dispositif, on ne peut pas réaliser un virage en cumulant action sur les avants et les arrières comme on peut le faire avec les poignées.
Avec une barre choquer border, le montage se fait obligatoirement avec les avants au centre (sinon on ne tiendrait la voile qu'à la force des bras)
En permettant à la ligne centrale (reliée aux avants, donc) de coulisser, on s'autorise en plus à tirer sur les arrières (action de border) ou à les relâcher (action de choquer)
Ce genre de barre ne permet toujours pas de combiner virage aux avants et aux arrières comme avec des poignées, a moins d'y adjoindre un système de poulies (cross over, twister bar) permettant de palier pour partie à cette lacune ; ce qui permet de monter quasiemment n'importe quel type de voile "à poignées" sur une twister bar par exemple.
Sur toutes ces barres, il est important de noter qu'on dispose en général d'une sangle permettant de régler finement le décalage entre les avants et les arrières pour l'adapter au mieux à la voile, les conditions de vent et les préférences du pilote, mais on ne se sert pas de cette sangle en pilotage pur.
Quel intérêt alors de mettre une barre sur une voile à poignées ? En terme de pilotage, le contrôle à la barre est plus intuitif et facile pour un débutant, et donc en général, avec un système bien réglé, un débutant aura l'impression que la voile vole mieux en barre. Un pilote expérimenté préférera sans doute la finesse de pilotage des poignées. Par contre, il existe des disciplines (kite snow, kite MTB) où la barre est plus pratique à utiliser (alors qu'en char à cerf-volant, discipline qui se pratique assise, c'est l'inverse, la barre gêne plus les mouvements). De plus, les poignées s'actionnent aux poignets, et avec une voile donc l'action sur l'arrière se révèle physique, le pilotage sera plus confortable avec une barre qui autorise une action plus puissante (action des bras)
Bon, jusque là, on ne s'est intéressé qu'à la partie côté pilote, on va maintenant s'intéresser à ce qui se passe du côté de la voile.
Tu noteras que depuis le début, j'ai volontairement omis le terme "freins" et utilisé plutôt le terme "arrières".
Selon les voiles, les lignes arrières seront reliées à des freins sur la voile (qui créent un volet aérodynamique lorsqu'on tire dessus (on borde)) ou à un mécanisme plus complexe, parfois à base de poulies, sur le bridage principal. Cette deuxième solution est utilisée sur les voiles qu'on nomme par abus de langage "voiles à border / choquer" ; et l'action sur ce bridage a des effets divers selon la conception dudit bridage. Certains mécanismes jouent sur le calage de l'aile (variation de calage qu'on appelle abusivement "variation d'incidence", ce qui n'est pas complètement faux non plus car en règle générale la variation de calage provoque une variation d'incidence du profil), sur la cambrure du profil (on déforme le profil pour modifier ses caractéristiques). Dans certains cas, les effets sont cumulés. Par exemple, on peut modifier simultanément le calage et la cambrure du profil sur les premiers centimètres lorsqu'on tirre sur les arrières, puis actionner en même temps les freins sur les 20 derniers centimètres. Toutes les combinaisons sont possibles, et c'est pour ça que c'est assez difficile à mettre au point. Il peut de plus exister différents systèmes de démultiplication (poulies) pour rendre plus efficaces ou plus doux le mécanisme.
Les effets sur la voile maintenant, indépendemment du système de contrôle :
* Action sur les freins : ça dépend énormément du profil et de la conception de la voile.
Sur certaines voiles, une légère tension sur les freins suffit pour les dégonfler et annuler ainsi toute la puissance. C'est très sécurisant lorsqu'on débute, mais c'est en général signe d'un mauvais choix de profil et / ou d'une mauvaise conception (ou d'une voile typée débutant). On parlera alors de pilotage en deux lignes.
D'autres voiles on une course de freins très importante (exemple : Advance Offroad). De ce fait, lorsqu'on actionne les freins, le profil se déforme et augmente sa portance (et un peu la traînée aussi). La puissance augmente mais la fenêtre de vol diminue. En général, la vittesse de vol diminue également, la stabilité augmente. En tirant encore plus sur les freins, on arrive au point de décrochage et la voile recule et perd sa puissance.
* Action sur le bridage : on va faire varier le calage de l'aile (les longueurs relatives des brides) sans modifier la forme du profil. Ce faisant, on modifie le point d'équilibre du profil, et donc l'incidence de vol. Et donc la puissance. Plus les brides avant sont courtes, plus le calage est avant, plus l'incidence est faible et moins on a de puissance. Et inversement.
* Action sur le profil (via le bridage, évidemment) : on va faire varier de façon non homogène les longueurs des brides, et donc changer la forme et donc les caractéristiques du profil. Selon les options choisies, on pourra donc obtenir pour une même action sur la barre (ou les poignées) plus ou moins de puissance, selon la configuration du bridage. Le plus souvent, en tirant sur les arrières, on augmente la cambrure (on tire sur les B) et donc on augmente la puissance, mais ce n'est pas une règle absolue.
A noter qu'en théorie, on pourrait mettre des poignées sur une voile à bridage autorisant une variation de puissance, ça marcherait très bien. Pourquoi personne ne le fait ? Parce qu'en général piloter en barre permet de piloter d'une seule main, passer en poignées annule cet avantage, et en règle très générale, il faut exercer plus de force avec ce type de bridage à la commande, et les poignées se révèlent en général trop physiques à manipuler, et également souvent trop courtes (une barre dispose en général d'un débattement plus important)
Pour en revenir à ta question, si tu constates des effets différents avec une barre et des poignées, c'est que les voiles et les bridages sont différents. Monte une voile en poignées puis en barre, tu retrouveras les même caractéristiques (mais avec un confort et une fatigue à l'utilisation différente)
J'espère que j'ai été clair, à défaut d'avoir été court.
@+
-- Olivier